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Photographie : de l'émancipation de classe et de genre à l'hégémonisme en perte de sens

  • Photo du rédacteur: Christian De Moor
    Christian De Moor
  • 14 oct. 2021
  • 23 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 oct. 2021

Selon Serge Tisseron, l'appareil photographique est bien plus qu'une prothèse du regard ou un jouet socialisé. Il est l'instrument de familiarisation et d'appropriation du monde le plus efficace que l'homme n'ait jamais mis à son service parce qu'il est en continuité immédiate avec sa vie psychique (1). Ce statut particulier de l'appareil photographique, va lui faire occuper une place de plus en plus importante dans la société au point de devenir un objet que l'on peut qualifier de transitionnel. Une évolution technologique majeure provoque souvent, chez le professionnel comme chez l'utilisateur lambda, au mieux de la défiance et au pire de l'angoisse, à part chez ceux qui sont de nos jours appelés geeks et qui sont à l'affut de toute innovation technologique. Il en va ainsi du remplacement programmé du moteur à explosion par la propulsion électrique et de la fin du cinéma argentique au profit du support numérique pour prendre, d'un côté un exemple d'actualité récente, et d'autre part, un exemple très proche du champs de la photographie. Dans tous les cas, cette résistance au changement va ralentir le développement de nouvelles technologies et permettre aux industriels de continuer à valoriser une technologie dont on sait déjà qu'elle est vouée à une mort certaine à plus ou moins brève échéance, voire servir le développement d'une filière vintage rassurante pour les clients les plus nostalgiques. L'arrivée du numérique s'est heurtée à une forte méfiance de la part des professionnels et des amateurs éclairés. La qualité médiocre des clichés réalisés avec les premiers appareils numériques explique bien évidemment ce scepticisme, mais il est également très probable que la disparition du support physique, pellicule et tirages papiers, avec son lot de blocages culturels, y a largement contribué.


Il est paradoxal de constater que les freins observés à certaines étapes de l'évolution du matériel photographique ont succédé à un enthousiasme inédit à l'occasion de la présentation publique de son invention. On considère que la photographie a été inventée en 1839 par Louis Daguère. Il est difficile de trouver un équivalent à l'émotion qui a accompagné la présentation de cette réalité virtuelle au public si ce n'est quelques années plus tard le fait de voir ces images s'animer avec la naissance du cinéma. Certains représentants du monde politique ont immédiatement compris que cette nouvelle technologie allait bouleverser profondément de nombreux champs de la société, si bien que dès le 9 juillet 1839, à l'initiative de François Arago, la chambre des députés français vote une loi qui prévoit qu'en échange de la publication de leur technologie, Isidore Nièpce et Louis Daguère percevront une rente viagère de 4000 francs (2). Le 19 août 1839, François Arago, peut déclarer devant les Académies des sciences et des beaux-arts que la France a acheté le daguerréotype afin d'« en doter libéralement le monde entier (3) ». La photographie devient ainsi un exemple unique de technologie achetée par un Etat pour être mise à disposition de l'ensemble de la population mondiale et de projets d'entreprises. Le seul voile qui viendrait légèrement obscurcir cet exemple de bienveillance politique est le fait qu'on puisse subodorer une volonté de la France de devancer son éternel rival britannique dans la course à la maitrise de cette nouvelle technologie. En effet, parallèlement aux travaux de Niepce et Daguère en France, William Henry Fox Talbot en Angleterre, développe un procédé permettant de multiplier les épreuves positives à partir d'un négatif ce que ne permettait pas le modèle développé par les français. Toujours est-il que cet interventionnisme a non seulement favorisé une technologie française par rapport à d'autres initiatives, mais surtout le développement rapide de nouveaux métiers allant des fabricants de matériel aux photographes professionnels.


La technologie évolue rapidement. Les temps de pose de plusieurs heures requis à l'origine, deviennent des secondes et permettent de développer l'activité la plus populaire de la photographie : le portrait. Il ne s'agit pas là d'un événement anodin en termes de portée sociologique mais au contraire d'une véritable révolution sociale. Le portrait réalisé par des peintres était réservé à quelques nobles et grands bourgeois. Le portrait réalisé par les photographes, en plus d'être parfaitement ressemblant, est maintenant à la portée de tous et permet la constitution d'une mémoire du petit peuple jusqu'alors ignoré de l'iconographie collective. Les seuls cas où la peinture s'intéresse au petit peuple sont les scènes de genre. Mais les modèles choisis par le peintre restent anonymes et seuls leurs traits traverseront les siècles au détriment de leur identité. Si l'on prend l'exemple du célèbre tableau de Louis Le Nain représentant une famille de paysans, conservé au Musée du Louvre, les personnages sont clairement individualisés. De manière fort probable, ce type d'oeuvre correspond à un regard nouveau, empli d'empathie, posé sur le monde paysan dans le contexte parisien du XVIIe siècle où se développent d'importants mouvements de charité. Comme le précise Valérie Oddos, cette peinture propose un regard nouveau par rapport aux scènes paysannes de la peinture du Nord où les paysans sont plutôt ridiculisés (4). Si le regard évolue, les portraits représentant les membres du petit peuple ne sont pas destinés à décorer leurs humbles logis et ne sont pas transmis en héritage à leur descendance. Ils constituent ainsi des éléments documentaires d'une mémoire de classe, mais pas d'une mémoire individuelle ou familiale. Grâce au portrait photographique, tous ces anonymes vont conquérir le droit à la postérité, leurs portraits vont se transmettre de génération en génération et alimenter les chroniques familiales tout comme ceux des nantis alimentent les leurs depuis des siècles. Un fossé social fondamental, celui du droit à la mémoire, est ainsi comblé par la grâce de la photographie dès la deuxième moitié du XIXe siècle. La possession des appareils et la prise de vue demeurent du ressort quasi exclusif des professionnels mais commence à intéresser une clientèle d'amateurs fortunés. Un grand nombre de solutions chimiques de fixation de l'image sont explorées à partir de 1839 et, cinquante ans plus tard, Georges Eastman, fondateur de Kodak, conçoit, l’idée d'un support souple en celluloïd qui remplace les plaques de verre utilisées jusque-là. C'est le début de l'aventure de la pellicule qui va dominer l'univers de la photographie pendant plus d'un siècle (5).


Du point de vue technologique, l'histoire de la photographie peut se résumer à quatre axes de recherche : réduire la taille des équipements, simplifier les réglages, améliorer la qualité du rendu photographique et proposer une solution économiquement apte à la rendre accessible au plus grand nombre. Autant ces axes sont clairs, autant leur évolution n'a pas été linéaire, au fur et à mesure des innovations qui ont nécessité des retours en arrière sur l'un de ces quatre aspects. La commercialisation du Brownie par Eastman Kodak à partir de 1900 est emblématique de cette quadruple exigence. Dès 1898, George Eastman, demande à son designer, Frank Brownell, de mettre au point un appareil, le moins cher possible, tout en proposant un niveau de qualité satisfaisant. Le cahier des charges fut respecté à un point tel que Kodak a dû communiquer autour du fait que le Brownie n'était pas un jouet (6). Cet appareil d'une simplicité absolue fera passer la photographie amateure au rang de culture (7). La photographie va dès lors accompagner la moindre promenade et le moindre événement familial.


Paradoxalement, le terme « argentique » n'est apparu qu'au moment où la photographie reposant sur l'exposition à la lumière d'un support recouvert de composés d'argent, amorçait son déclin. Tant qu'il n'existait pas d'alternative à cette technique, on n'éprouvait pas le besoin de lui attribuer un nom autre que celui générique de « photographie ». Ce n'est donc qu'au début des années 2000 que le terme argentique apparaît pour distinguer la technologie développée par Georges Eastman en 1884 de la technologie numérique qui va peu à peu la remplacer (8)(. Même si l'argentique a constitué un élément de démocratisation évident, le délai nécessaire entre la prise de vue et la visualisation du résultat constituait toujours un frein pour qui n'est pas un pratiquant passionné. Roland Barthes en témoigne lorsqu'il affirme qu'il n'est pas photographe, même amateur parce que trop impatient pour cela et qu'il lui faut voir immédiatement ce qu'il a produit (9). Le Polaroïd 95 commercialisé par l'Américain Edwin H. Land, à partir de 1948, a constitué une première réponse à cette impatience. Monochrome au départ, le procédé devient couleur en 1963 avec l'invention du film Polacolor (10). Si ce nouveau principe séduit par l'idée d'avoir un résultat visible immédiatement, la qualité de l'image reste peu convaincante et demeure une alternative amusante mais décevante sauf quand un grand photographe s'en mêle (11). Le Polaroïd demeure cependant une technologie à l'histoire particulière puisque à l'inverse de l'argentique, il fait actuellement l'objet d'un retour à la mode en devenant un outil de partage immédiat d'objet photo physique notamment à l'occasion d'événements familiaux tels que les mariages en proposant une touche nostalgique et vintage à l'événement.


L'appareil photographique est un objet à part dans le monde industriel et technologique dans le sens où son évolution a eu un impact direct sur le genre dans la société contrairement aux voitures ou aux machines à laver par exemple. Les automobiles ont évolué considérablement d'un point de vue technologique. Au fur et à mesure de leur évolution, elles sont devenues plus sûres, plus économiques ou génèrent moins de pollution, mais on ne peut pas dire que cette évolution technologique a eu un impact sur son utilisation par les femmes. Les femmes ont conquis le droit de piloter des automobiles au sein de différentes sociétés au fil des combats pour l'égalité. Si les constructeurs ont développé des modèles destinés à séduire prioritairement une clientèle féminine, on ne peut pas dire que l'évolution technologique ait, en soi, conditionné l'égalité entre hommes et femmes dans ce domaine. De la même manière, l'évolution des machines à laver, si elle a eu un impact sur la qualité de vie des femmes n'a pas bouleversé la répartition des tâches domestiques au sein des couples hétéronormés et la gestion du linge reste en France en 2019 associée à la mère au sein de 85% des ménages par les enfants sondés (12). Etudier tous les biens d'équipement pour vérifier si d'autres ont contribué à modifier la société de manière aussi profonde que ne l'a fait la photographie dépasserait le cadre de ce mémoire, mais il est probable qu'il n'est pas d'équivalent dans l'histoire des produits technologiques.


Ce que la photographie a prouvé, à chacune de ses mutations forcées par l'industrie photographique, est avant tout sa capacité à renaître, à réinventer de nouvelles formes et de nouveaux usages. Ses mues successives se sont à chaque fois accompagnées d'un rajeunissement de son image et semblent lui avoir conféré une jeunesse et une modernité éternelles. La révolution numérique ne fait pas exception à la règle. Celle-ci a incontestablement relancé, non seulement l'industrie, mais également l'activité photographique : rendant la pratique encore plus accessible, dépouillant encore un peu plus l'acte photographique de sa magie et l'image photographique de son aura, elle s'inscrit dans le droit fil de chacune des mutations antérieures, vers une démocratisation toujours plus grande de l'image photographique (13).


En 1981, Sony présente son prototype, baptisé Mavica, qui peut-être considéré comme le premier appareil photo numérique. En 1986, Nikon dévoile son prototype et, la même année, Canon propose son RC-701, considéré comme le précurseur des réflexes numériques moderne En 1989, c'est également Canon qui propose le Xapshot, un appareil grand public. Ces premiers modèles ne sont pas à proprement parler numériques, car l'image, si elle est bien capturée par une matrice de points, est stockée de façon analogique sur des mémoires magnétiques et c'est dans les années 1994-1996 qu'apparaissent les appareils photo numériques dotés d'un écran à l'arrière tels que ceux que nous connaissons à l'heure actuelle (14). Il ne faut ensuite qu'environ cinq ans pour que les ventes d'appareils photos numériques dépassent les ventes d'appareils photos argentiques, seule technologie sur le marché depuis plus d'un siècle et à peine cinq ans supplémentaires pour que la production de ces derniers soit quasiment abandonnée (15).


Avec le numérique, on passe d'un principe et d'une réactivité chimique à un principe algorithmique et à une stimulation électrique et électronique mais, comme nous le font remarquer Bordwell et Thomson, « Même le design de la machine témoigne des efforts des fabricants pour donner aux nouveaux appareils des allures familières qui s’apparentent aux caméras traditionnelles (16) » . Comme dans de nombreux domaines, lors de l'apparition d'une nouvelle technologie, le design de l'objet n'évolue que très peu par rapport à la technologie précédente, faute d'imagination des concepteurs ou par souci des industriels de ne pas désorienter les utilisateurs comme nous avons eu l'occasion de l'aborder précédemment. Il n'est pas surprenant que la naissance d'une nouvelle technologie passe par une période où elle est l'apanage exclusif des professionnels avant de se démocratiser et d'être adoptée par le grand public. Mais très rapidement les appareils compacts numériques vont être proposés dans une large gamme de finitions afin de séduire l'éventail le plus large possible d'acheteurs potentiels du technophile à la fashion victim.


L'avènement du numérique marque réellement une révolution non seulement technologique, mais également sociologique qui va interroger la photographie jusque dans son ontologie. « L’usager devient maître de toute la chaîne, de la prise de photo à sa diffusion, en passant par son édition. » constate Vincent Lavoie (17). D'un point de vue économique, le numérique est un facteur de démocratisation du fait de l'absence de dépenses autres que l'appareil photo. En effet, traditionnellement la photographie argentique entrainait des couts élevés répartis entre l'achat de la pellicule, son développement et le tirage des photos qui incitaient le photographe à limiter le nombre de photos prises et réservaient l'utilisation de l'appareil a des occasions bien spécifiques dont la captation et la conservation du souvenir justifiaient la dépense.


L'émancipation féminine est indissolublement liée à l'accès des femmes aux mêmes technologies que celles où s'exerce la domination masculine. Cet accès passe obligatoirement par une démocratisation générale de la technologie considérée à la fois du point de vue économique que du point de vue de la simplicité d'utilisation. Le numérique répond parfaitement à ces impératifs. Du point de vue technologique, il a ouvert la voie à la miniaturisation qui fait que l'appareil photo tient dans un sac à main ou une petite pochette attachée à la ceinture du pantalon et à une déclinaison de coloris destinés à séduire une clientèle aussi bien masculine que féminine, technophile ou technophobe, jeune ou plus âgée. Au-delà de la démocratisation de classes, le numérique a donc conduit à un rééquilibrage du genre dans la pratique de la photo mais nous verrons plus tard que cet outil d'émancipation s'est également transformée en instrument d'oppression et de domination du genre du fait principalement de le connectivité entre l'image et les réseaux sociaux. La photographie occupe à cet égard également une place à part dans l'histoire des rapports entre une technologie et la structure de la société.


Le concept de téléphone à fonction photo a été inventé par Philippe Kahn aux Etats-Unis. En 1997, Philippe Kahn, entrepreneur américain d'origine française et son épouse attendaient leur premier enfant et ce mathématicien et développeur de solutions techniques cherchait un moyen de partager rapidement les photos de leur enfant. Le smartphone n'existant pas encore à cette époque, il a réussi à adapter une caméra miniature dans son téléphone mobile Motorola et le 11 juin 1997, il a pu partager les photos de sa fille Sophie auprès d'environ 2000 membres de son entourage familial et amical (18).


Il a ensuite fallu attendre trois ans pour que le tout premier téléphone à appareil photo intégré rapidement nommé photo-phone soit commercialisé. Le premier téléphone à appareil photo intégré est commercialisé en juin 2000 avec le Samsung SCH-V200, considéré comme le premier téléphone de ce type, disposant d'une capacité de stockage de 20 photos à 0.35 mégapixel soit une résolution d'image extrêmement faible. De plus, les photos ne peuvent pas être visualisés directement sur le téléphone et nécessitent de le connecter à un ordinateur. Ces limites associées probablement au fait que l'objet ne ressemble, même pas de loin, à un appareil photo, vont faire accueillir ces premiers photo-phones plutôt comme des gadgets ou un clin d'oeil aux films d'espionnage que comme la première étape d'une révolution à venir notamment de la part des professionnels de l'image. Nombreux sont d'ailleurs les utilisateurs qui ne prêtaient pas attention à cette fonction en apparence anecdotique et qui n'avaient pas conditionné leur achat à celle-ci plus qu'à l'esthétique de l'appareil ou ses capacités de stockage de contacts. En novembre 2000 au Japon, c'est le SHARP J-SH04 destiné uniquement au marché japonais et capable de prendre des photos de 0,1 mégapixels qui apparait. A titre de comparaison, les smartphones actuels proposent des résolutions minimales de 12 Mpx soit une image d'une résolution 120 fois plus importante que les caméras des premiers téléphones à fonction photo (19).


Si les appareils photos numériques permettent de voir le résultat des clichés sur leur écran, celui-ci est de petite taille et il faut brancher l'appareil photo sur un ordinateur pour pouvoir réellement profiter de la photo. Il en va de même pour les téléphones à fonction photo. Le smartphone de par ses dimensions constitue une avancée majeure à cet égard puisqu'il permet de visualiser immédiatement et dans des conditions optimales ses prises de vues. Le cliché réalisé avec un smartphone en général sobrement appelé photographie mobile, a donné lieu à la création d'un néologisme : la phonéographie. Le développement de la phonéographie est indissolublement lié au développement en parallèle des réseaux sociaux et des applications dédiées. Les fabricants ont orienté leur stratégie en direction d'une qualité sans cesse croissante associée à une simplicité d'utilisation améliorée, qui sont des éléments de choix fondamentaux à l'occasion de l'achat. Lors de l'acte d'achat, la partie téléphonie proprement dite ne représente plus un élément de différenciation fondamental, contrairement à la qualité de la partie photo et à la qualité de résolution de l'écran dont la presse spécialisée étudie prioritairement ces performances à l'annonce de la sortie de chaque nouveau modèle (20). Le smartphone est une révolution à plus d'un titre puisqu'il propose, dans un même instrument de relativement petite taille, un ordinateur, un téléviseur accompagné de son magnétoscope, une chaine hi-fi, une caméra et un appareil photo... entre autres. Comme l'indique Peter Weibel : « Le raccordement du téléphone mobile à Internet a démultiplié les possibilités d'interaction sociale de manière exponentielle […]. Ce médium universel et nomade fait de son usager un membre du réseau social (21).» La technologie devient ainsi le moyen pour l'individu de devenir membre du réseau mondial et d'interagir sur ce réseau. Le smartphone est le facteur déclencheur de la transformation de la société jusque dans ses rituels les plus ordinaires par la présence permanente de l'image dans l'espace public. Comme nous l'avons vu précédemment, les premiers téléphones à fonction photo proposaient des résolutions d'image de 0,1 mégapixels. A partir de 2008, la photographie mobile atteint la barre des 8 mégapixels qui permet d’envisager une impression sur papier de format A4 dans les mêmes conditions de qualité qu'un appareil argentique. A partir de ce moment-là, le smartphone entame sa marche hégémonique qui va le voir équiper tout un chacun, toutes générations confondues jusqu'aux recoins les plus reculés de la planète et commencer à prendre l'avantage sur les appareils photos numériques (22).


D'après les estimations d'InfoTrends, 85% de toutes les photos prises sont maintenant prises avec un smartphone, alors que le nombre de photos prises avec un appareil photo numérique ne représente plus que 10,3% des photos prises. Etonnement, 4,7% des photos sont prises avec des tablettes numériques, ce qui peut sembler être un chiffre important pour cet outil de taille conséquente (23) et finalement peu présent dans l'espace public. Une autre illustration de cette progression du smartphone nous est fournie par les statistiques publiées par Flickr. Flickr est un média social qui, au départ, est surtout une plateforme de stockage en ligne, très appréciée des photographes avertis. Même sur une telle plateforme, il apparaît que 50% des photos « uploadées » ont été prises avec un smartphone. Sur ces 50%, 54% des photos ont été prises avec un smartphone de marque Apple, témoignage de l'hégémonie de cette marque dans le domaine de la photo « de qualité » (24).


Tout comme le reflex argentique en son temps, l'appareil photo numérique s’arc-boute sur ses derniers espaces de domination techniques tels que la possibilité de gérer la profondeur de champs mais ces particularités sont petit à petit grignotées par le smartphone. Les derniers modèles équipés d'applications ad hoc sont désormais capables d'intégrer ses fonctionnalités. Même des photographes professionnels commencent à utiliser leur smartphone haut de gamme en lieu et place de leur reflex. Le développement du smartphone fait de près de 80% de la population des photographes en puissance, tous photographes, et à tout moment puisque désormais tout le monde ou presque, se promène en permanence avec un appareil photo dans son sac ou sa poche alors que dans l'univers de l'argentique on ne se munissait de son appareil photo que lorsqu'on avait décidé de « faire des photos ».


Selon Tisseron, le preneur de vue développe, avec ceux qu'il photographie, une relation de pouvoir puisqu'il peut se permettre de chorégraphier ses sujets en leur demandant de prendre une pose donnée, de sourire ou de trinquer (25). Cette relation de pouvoir est devenu encore plus puissante avec l'apparition du smartphone, puisqu'en plus de conserver les éléments de domination précédents, le photographe peut prendre des photos en toute discrétion à l'insu de son sujet. Le photographe associe ainsi la domination de l'espion à celle du metteur en scène.


Le smartphone et sa fonction photo devient une prolongation de l'humain renforçant cette « innervation » que l’appareil photographique produit dans le corps tout entier des photographes (26). Il s'inscrit dans l'évolution vers un transhumanisme qui ne se fixe pas de limite au point qu'il est légitime d'imaginer cet outil, devenu indispensable, faire un jour partie intégrante du corps humain. Le smartphone est, bien évidemment, plus qu'un appareil photo, puisqu'il est un interface de communication extrêmement complet. Toujours est-il qu'il a donc remplacé l'appareil photo traditionnel chez une grande majorité des gens et qu'il peut de ce fait être abordé en tant qu'appareil photo 2.0. Au surplus, la fonction photo, à travers la prise de vue, le stockage et la diffusion en est une des constituantes essentielles.


L'un des éléments clés de différenciation entre smartphones et appareils photos est la permanence du contact entre l'outil et son utilisateur. Le moindre adolescent ou la moindre « ménagère » est plus en contact avec son appareil que le photographe professionnel le plus vorace, jour et nuit puisque une majorité de personnes dorment maintenant avec leur appareil posé sur la table de chevet. A part les photographes professionnels ou les amateurs compulsifs, et encore, personne ne se promenait en permanence avec son appareil photo sur lui. Ceci a totalement changé avec le smartphone. L'appareil photo s'était déjà imposé en tant que « prothèse visuelle », apte à saisir, stocker, transmettre, distribuer, archiver et interpréter des représentations du monde bien après la prise de vue (27). Aujourd'hui le smartphone ne quitte pas son propriétaire qu'il soit homme, femme, jeune, aîné et quelle que soit son appartenance sociale. Dans la poche arrière du jean chez les ados, dans le sac à main des femmes, et la plupart du temps tenu simplement dans la main par les hommes. Il est devenu un accessoire de mode, un signe d'appartenance à un groupe mais aussi un objet transitionnel qui rassure quand on l'a sur soi et met certaines personnes dans un état proche de la panique s'ils l'ont oublié chez eux ou pire s'ils l'ont égaré. Fil à la patte rassurant, compagnon du quotidien, lien avec sa famille et son réseau social, il est caressé dans les moments d'angoisse. Le smartphone est choisi comme un bijou et traité avec le plus grand soin. Une étude réalisée par le Professeur Chang Jae-yeon de l'Université d'Ajou en 2013, met en évidence le fait que la dépendance au smartphone serait plus élevée chez les femmes que chez les hommes alors que l'inconscient collectif admet habituellement que les hommes sont plus sujets aux addictions que les femmes notamment en relation avec des produits technologiques. L'étude à établi que sur un échantillon de 1236 étudiants issus de six établissements coréens, 52% des femmes interrogées utilisaient leur smartphone au moins quatre heures par jour, soit jusqu'à épuisement de leur batterie, contre seulement 29,4% des hommes et a révélé que 23% des femmes interrogées passaient jusqu'à 6 heures par jour sur leur smartphone contre 11% des hommes. Elle s'est également penchée sur les différents modes d'utilisation du smartphone. 37% des femmes de l'échantillon utilisent leur smartphone alors qu'elles sont en train de parler avec quelqu'un ou de faire autre chose alors que les hommes ont plutôt tendance à d'abord interrompre ce qu'ils sont en train de faire sur le moment (28). Même si cette dernière particularité mérite d'être observée, elle ne constitue cependant pas une caractéristique spécifique à l'utilisation du smartphone dans la mesure où les femmes démontrent régulièrement la capacité à être multitâches par opposition aux capacités réputées monotâches des hommes.


Plus étonnant, la même étude coréenne constate que 20,1% des femmes éprouvent un sentiment d'insécurité lorsqu'elles sont dans l'impossibilité d'utiliser leur smartphone contre 8,9% des hommes de l'étude. L'étude met en évidence le fait que la dépendance au smartphone est environ 10% plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Ce nouveau rapport inédit à un objet du quotidien a donné un nom à une maladie mentale identifiée et documentée : la nomophobie abréviation de no mobile phobia ou « peur de se retrouver sans son mobile » qui est définie comme une affection qui provoque des troubles psychologiques entraînant un besoin excessif, incontrôlable voir obsessionnel d'utiliser un téléphone au point d'y consacrer tant de temps et d'énergie, que l'objet et son utilisation finissent par interférer négativement avec la vie quotidienne, professionnelle ou affective du sujet qui peut développer une anxiété, parfois phobique et/ou une dépression qui vont indirectement aussi affecter son entourage. Une étude britannique a montré en 2012 que 66% des utilisateurs sondés ont déclaré souffrir de ce syndrome classé parmi les pathologies communicationnelles. 44% des sondés ont déclaré dormir avec leur téléphone portable à côté de leur lit, voir sous leur oreiller et 29% avouent ne plus s'imaginer sans leur téléphone (29). On peut aisément imaginer que dix ans plus tard le phénomène n'a fait que se renforcer. Cette évolution est favorisée par la multiplication des applications disponibles, par les nouvelles fonctionnalités des appareils et par le fait que de plus en plus d'institutions de l'Etat et d'établissements bancaires conditionnent l'accès à une partie croissante de leurs services à la possession d'un smartphone notamment dans le but de sécuriser les accès à ces services. Les développeurs d'applications exploitent cette propension des consommateurs à s'attacher de manière exagérée à leur compagnon high tech en proposant des applications de plus en plus addictives reposant sur une avalanche permanente d'images. Ces applications créent un lien émotionnel entre un sentiment et le service qu’elle fournit. Le smartphone est à cet égard un exemple quasi unique d'instrument qui asservit son utilisateur pour en fair un esclave qui lui est pathologiquement attaché. L'addiction est telle que la séparation même temporaire conduit le sujet à souffrir de sentiments d'angoisses irrépressibles. Chez certains, ces accès d'angoisses peuvent se transformer en véritables crises de panique se traduisant par une respiration raccourcie, des nausées, des tremblements et une accélération du rythme cardiaque. Tout ceci principalement du fait de se voir simplement privé d'accès à un déferlement d'images ou de ne pas pouvoir vérifier le nombre de likes collectés par ses propres publications. Romain Vitt nous indique que pour les psychologues, cette dépendance est le résultat d'une carence en un certain nombre de besoins humains fondamentaux tels que l’attachement, l’appartenance à un groupe et le besoin de reconnaissance auxquels les réseaux sociaux sont susceptibles de répondre (30).


Ces statistiques de 2012 montrent à quel point le phénomène s'est développé avec une rapidité inouïe. Si les précurseurs des smartphones sont apparus à la fin des années 1990, il faut attendre 2007, année de commercialisation de l'iPhone pour voir le produit commencer à se démocratiser et que les ventes mondiales annuelles de smartphones dépassent le milliard d'unités à partir de 2014 (31). Le smartphone n'a donc mis que cinq ans à passer des premières ventes à un statut d'objet considéré comme quasi-vital par ses utilisateurs mais dont les effets délétères demandent du point de vue de la santé et des relations sociales à être étudiés de manière approfondie. Un psychiatre Adrian Wang rend compte par exemple du cas d'un étudiant de 18 ans qui avait été privé de connexion Internet et qui en était arrivé à quitter le domicile familial à la recherche d'une connexion WiFi avant d'être retrouvé dans un état physique déplorable pour êre hospitalisé et mis sous anti-dépresseurs. Des troubles de la santé spécifiques sont apparus comme le text-neck ou i-neck, caractérisés par des douleurs dans la nuque liées à une mauvaise position adoptée lors de l'utilisation de mobiles. Ces syndromes ont même donné lieu à l'ouverture de centres de traitement spécialisés dans un certain nombre de pays asiatiques (32). Comme dans le cas de tout produit addictif, l'usager en perte de pouvoir de contrôle, n'est plus capable de fournir l'effort de distanciation nécessaire lui permettant d'analyser le rapport bénéfice-risques et d'utiliser son outil de manière réfléchie et pondérée.


Le numérique et spécifiquement le smartphone ont considérablement fait évoluer le rapport entre kairos, l'instant, logos, le discours et tuché, le hasard. Quand André Gunthert nous affirme fort justement que « Comme le langage, l’image est partout (33) », on peut même se demander si l'image ne remplace pas de plus en plus le langage et le logos. Dans une société où le temps est de plus en plus contracté, une photo quels que soient son sujet, sa qualité technique ou le message qu'elle véhicule, récoltera nettement plus de commentaires et de réactions, les fameux likes, qu'un texte même court. Ceci pose deux problèmes : l'interprétation forcément plus subjective de l'image et la disparition programmée du logos. Cette interprétation subjective de l'image est paradoxale ou contradictoire avec une autre perception : « un monde où l’image n’est plus un simulacre platonicien, mais un document chargé d’une valeur d’attestation (34). » Cette affirmation d'André Gunthert trouve son contrepied chez Philippe Granarolo qui affirme que bien au contraire nous sommes bel et bien entrés de plain pied dans ce monde des simulacres annoncé par Platon. Il en veut pour illustration les addictions de nos adolescents et de bon nombre d’adultes aux jeux vidéos, aux réseaux sociaux sur Internet qui sont selon lui les preuves de la lucidité platonicienne à travers la création d'un monde sensible épuré, plus « parfait » que le monde sensible « réel » et qui emprisonne le sujet dans un filet qu’il a de plus en plus de mal à déchirer pour reprendre sa métaphore (35).


En 2010, l’historien de l’art Horst Bredekamp évoque le Bilderflut que l'on peut traduire par « déferlement d’images »dans son essai « Théorie de l’acte d’image » dans le contexte de l'industrie du divertissement en décrivant « Les myriades d’images qui, jour après jour, jaillissent sur les téléphones mobiles, les écrans de télévision, sur Internet et dans la presse écrite, partout dans le monde, comme si la civilisation actuelle voulait s’enfouir dans une sorte de cocon d’images (36). »


Cet « appareil photo que l'on possède dès l'achat d'un téléphone portable, que l'on emporte partout avec soi et dont les prises de vues opportunistes sont adossées à des réseaux sociaux grâce à des applications de traitement d'image (37) » permet de faire de la photo partout et à tout moment, à la maison, en promenade ou pendant les courses, ce qui augmente la part du kairos. La captation de l'instant si cher à Henri Cartier-Bresson et qui distinguait le photographe de qualité est, à présent, à la portée de tous, du fait de l'omniprésence du smartphone. L'instant paraît être corollaire du hasard, puisqu'il faut être présent sur le lieu et au moment où se produit un événement, petit ou grand, afin d'en saisir l'instant. Le photographe professionnel se distingue cependant par le fait que contrairement au photophoniste amateur, il va créer les conditions de limiter les effets du hasard afin de pouvoir capter l'instant. Si le photophoniste est susceptible de profiter plus du hasard pour saisir un instant, il faut reconnaitre que le contenu discursif est nettement plus limité qu'à l'époque de l'argentique, où le photographe amateur décidait du moment et de l'événement qu'il allait photographier. Dans ce contexte, chaque cliché était motivé par un discours particulier que l'opérateur souhaitait véhiculer. La masse d'images véhiculées chaque jour fait perdre à une grande majorité d'entre elles leur intérêt documentaire ou artistique. Le temps nécessité pour effectuer un tri qualitatif fait que l'observateur va souvent y renoncer et par voie de conséquence, les images véhiculant un véritable logos vont être noyées dans le flot de celles qui ne sont le fait que du hasard. Le coût invisible de la photo numérique induit une multiplication des prises des vues d'une même scène. Il est courant de voir un internaute partager plusieurs clichés très ressemblants d'un même sujet, sans considération de l'intérêt d'associer un discours à chacun. Si le kairos est ontologique à la photographie dans la mesure où il est « l'instant décisif qui brise le déroulement continu et logique des choses […] pour saisir une configuration particulière du monde,... (38) » il ne devrait pas être accompagné d'une perte de discours accompagnant, et donc d'une perte de sens. Le risque est grand, de voir le tuché accentuer cette perte de sens en inondant l'espace public d'un nombre faramineux d'images noyant dans leur flot le peu d'images chargées d'un réel message.


© Christian De Moor - Octobre 2021


1 Serge Tisseron, Le Mystère de la chambre claire – Photographie et inconscient, Paris, Flammarion, 1996, p.10

2 André Gunthert et Michel Poivert, L'art de la photographie des origines à nos jours, Paris, Citadelles et Mazenod, 2016, p.21

3 Camille Vignolle, 19 août 1839, la France fait don de la photo au monde ! (en ligne), https://www.herodote.net/19_aout_1839-evenement-18390819.php, consulté le 19.03.2021

4 Valérie Oddos, Les mystères des Le Nain au Louvre-Lens : une belle leçon d'histoire de l'art (en ligne), https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/peinture/les-mysteres-des-le-nain-au-louvre-lens-une-belle-lecon-d-histoire-de-l-art_3363197.html, consulté le 21.08.2021

5 Maison Nicéphore Niépce, Histoire de la photographie (en ligne), https://photo-museum.org/fr/histoire-photographie/, consulté le 19.03.2021

6 Colin Harding, B is for...Brownie, the camera that democratised photography (en ligne), https://blog.scienceandmediamuseum.org.uk/a-z-photography-collection-b-is-for-brownie/, consulté le 03.06.2021

7 Paul Lowe, Patricia Barthelémy et Valérie Feugeas, op.cit., p.112

8 Article Histoire de la photographie sur Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Photographie_argentique ethttps://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_photographie#La_chimie_photographique, consulté le 01.02.2021

9 Roland Barthes, La chambre claire : Note sur la photographie, Paris, Seuil, 1980, p.23

10 Article Appareil photographique instantané sur Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Appareil_photographique_instantané, consulté le 01.06.2021

11 Roland Barthes, op. cit., p.23

12 Ariel pour une meilleure répartition des tâches ménagères (en ligne), https://www.cbnews.fr/marques/image-etude-avec-ipsos-inculquer-bonnes-habitudes-aux-familles-47263, consulté le 11.08.2021

13 Quentin Batac, Après la photographie ? De l'argentique à la révolution numérique, Paris, Gallimard, 2010, p.125

14 Article Appareil photo numérique sur Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Appareil_photographique_numérique

15 Nicolas Six, Comment le téléphone mobile a détrôné l’appareil photo en vingt ans (en ligne),https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/07/09/comment-le-telephone-mobile-a-detrone-l-appareil-photo-en-vingt-ans_6045653_4408996.html, consulté le 28 mars 2021

16 David Bordwell et Kristin Thompson, L’Art du film. Une introduction, Paris, De Boeck, 2014, p. 32-33

17 Citée par Nicolas Six, art.cit.

18 Allan Weitz, The Camera Phone is 20 Years Old! (en ligne), https://www.bhphotovideo.com/explora/photography/features/camera-phone-20-years-old, consulté le 02.06.2021

19 Gabriel Manceau, L’évolution de la photo sur smartphone : du premier cliché à la double caméra (en ligne),https://www.phonandroid.com/evolution-photo-smartphone-premier-cliche-double-camera.html, consulté le 17.06.2021

20 Marlène Joseph, Comment le smartphone a révolutionné la photographie (en ligne), https://www.journaldunet.com/ebusiness/crm-marketing/1445866-comment-le-smartphone-a-revolutionne-la-photographie/,consulté le 03.06.2021

21 Peter Weibel, Des médiums visuels aux médiums sociaux, cité par Chantal Pontbriand, Mutations – Perspectives sur la photographie, Göttingen, Steidl, 2011, p.142

22 Nicolas Six, art.cit.

23 Felix Richter, Smartphones cause photography boom (en ligne), https://www.statista.com/chart/10913/number-of-photos-taken-worldwide/, consulté le 20.02.2021

24 Felix Richter, Smartphones (and Apple) Dominate Photography (en ligne), https://www.statista.com/chart/12337/most-popular-camera-brands-on-flickr/, consulté le 20.02.2021

25 Serge Tisseron, op.cit., p.14

26 Adolfo Vera, Le cinéma et la photographie face à la violence extrême (en ligne], 2014, consulté le 24 juillet 2021, http://appareil.revues.org/2040

27 Paul Lowe, Patricia Barthelémy et Valérie Feugeas, op.cit., p.14

28 Jean-Louis Pérod, Les femmes plus accros à leur smartphone que les hommes (en ligne), ttps://www.phonandroid.com/les-femmes-plus-accros-a-leur-smartphone-que-les-hommes.html – consulté le 03.06.2021

29 Romain Vitt, Addiction aux smartphones : on vous dit tout ! (en ligne), https://www.phonandroid.com/addiction-smartphones-on-vous-dit-tout.html, consulté le 03.06.2021

30 Romain Vitt, art.cit.

31 Article « Smartphone » dans Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Smartphone – consulté le 03.06.2021

32 Kevin Jeffries, Smartphone : “l’addiction numérique” est un phénomène de société ! (en ligne), https://www.phonandroid.com/smartphone-addiction-numerique-phenomene-de-societe.html, consulté le 21.08.2021

33 André Gunthert, Pour une analyse narrative des images sociales (en ligne), 2017, https://imagesociale.fr/4573, consulté le 21.10.2021, p.2

34 André Gunthert, Pour une analyse narratives des images sociales, art.cit., p.17

36 André Gunthert, Il n’y aura jamais trop d’images (en ligne), https://imagesociale.fr/7316, consulté le 01.02.2021

37 Gil Bartholeyns, Le retour de l'image, iPhonographie, matérialité et esthétique du passé (en ligne), 2014, https://www.academia.edu/6042554/Le_retour_de_limage_iPhonographie_et_esthétique_du_passé_in_A_perte_de_vue_Les_nouveaux_paradigmes_du_visuel_Daniel_Dubuisson_Sophie_Raux_dir_Dijon_Les_Presses_du_réel_p_71_95, consulté le 10.12.2020p.83

38 Frédéric Ripoll, Le questionnement photographique (en ligne),https://www.academia.edu/38841891/LE_QUESTIONNEMENT_PHOTOGRAPHIQUE_Frédéric_Ripoll, consulté le 10.10.202



 
 
 

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